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IL ETAIT UNE FOIS 1720

Publié par Festival Historique

22 - GRAND SAINT ANTOINE - LE DERNIER VOYAGE – LES INFIRMERIES

L’administration des Infirmeries est « confiée à un homme d’âge mûr, d’une grande capacité et dont la probité et la droiture soient à toute épreuve. »

Cet officier accepte et endure la rigueur de la réglementation du Bureau de la Santé. Sa fonction l’oblige en effet à résider au lazaret. Il ne peut s’en absenter sans la permission de l’intendant semainier.

Ni femmes, ni enfants, ni filles, appartenant ou pas à sa famille, son quotidien n’est pas partagé.

Des valets s’occupent des tâches ménagères et le servent. Chaque soir, « immédiatement après le coucher du soleil il fera sonner la retraite pendant un demi quart d’heure pour faire sortir du lazaret ceux qui auront eu la permission d’y entrer et il fera fermer ensuite toutes les portes et s’en fera remettre les clefs par les portiers. »

Sa mission est détaillée en cinquante-trois articles dans le projet du Règlement du Bureau de la Santé; ses tâches sont nombreuses et demandent notamment autorité et fermeté. Il est responsable de tout ce qui se passe au lazaret. Il applique le règlement ; il met à exécution les ordres des intendants.

Il se nomme Cosne Maillard.

Quarantaine des passagers du Grand Saint Antoine

Le chirurgien, trois garçons-chirurgiens, le prêtre aumônier, le garçon qui sert la messe, trois portiers, un cantinier, les valets et les gardes surveillent, assistent et protègent les quarantenaires.

À l’arrivée des huit passagers, le capitaine des Infirmeries s’assure d’abord que les vêtements et l’indispensable literie individuelle sont les seuls bagages emportés, puis il conduit les nouveaux arrivants vers le lieu réservé aux voyageurs venus à bord d’un navire présentant une patente nette.

L’enclos est divisé en chambrées, et à chacune d’elle est affecté un garde. Celui-ci est très attentif au comportement des quarantenaires. Souvent il partage le cours d’une même journée entre la fonction de surveillant et celle de serviteur. L’important est d’éviter toute fréquentation et intimité avec les autres passagers déjà installés.

En cette fin de mois de mai, ils sont nombreux. Huit navires terminent leur quarantaine à Pomègues et leurs passagers sont sur le point d’être autorisés à quitter le lazaret. Ils étaient à bord de trois vaisseaux, quatre pinques et un ketch.

La promiscuité est à craindre. Les passagers des huit navires occupent certainement leur journée à satisfaire une curiosité bien naturelle, connaître leur entourage. Les chambrées sont proches les unes des autres et ils peuvent communiquer à distance, si ce n’est de façon plus rapprochée lorsque la surveillance se relâche, usée par le temps qui passe.

François Carré, capitaine « disgracié », son écrivain Coudeneau et les passagers étrangers découvrent les chambrées qui leur ont été assignées.

Ils vont se plier à une première obligation dont la finalité est «d’aérer les habits, perruques, chemises et linges.» Immédiatement, ils placent « leurs linges et hardes tendus à l’air sur des cordes qui seront mises à cet effet dans leur chambre et auront leurs coffres toujours ouverts et vides pour prendre l’air. »

Le capitaine des infirmeries les informe aussitôt que tous les jours il passera devant les chambrées pour s’assurer que les coffres sont vides et que les vêtements sont bien étendus sur les cordes. Il ne plaisante pas avec le règlement ! Avant de se retirer et de laisser ainsi aux passagers le temps de s’adapter à leur logement et de s’organiser, il leur signifie que lorsque les portes du lazaret seront fermées, ils devront regagner au plus vite leur chambre.

À la fin de leur quarantaine, les passagers recevront un « parfum ». Les miasmes pestilentiels seront définitivement chassés des vêtements.

Les hommes devront supporter les effets des vapeurs suffocantes, quelques quintes de toux et des suées salutaires, avant de recouvrer la liberté.

Ainsi sera la vie des passagers du Grand Saint-Antoine, pendant vingt jours, il est vrai sous la protection de saint Roch.

Extraits: Un homme, un navire, la peste de 1720 - Michel GOURY

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